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Etienne Michel (secc. XIX-XX)

L'esprit français, 1931
Copertina della rivista su cui apparve questo testo,
 
Da: "L'esprit français", V 1932 [1] 
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Jean Lorrain en Sicile.
Jean Lorrain in Sicilia.
Taormina (Sicile), 13 mai 1911.

Le jour de mon arrivée à Taormina, ce paradis sicilien, j'avais remarqué la propriété du baron von W. Gloëden.
Les murs peints en rouge pompéien et les colonnes tronquées qui en ornaient la terrasse m'avaient frappé par leur originalité et leur poésie. Par la porte, largement ouverte, un grand jardin fou, embaumé de roses et fleuri d'aubépines, m'apparaissait, mystérieux et attirant.

Taormina (Sicilia), 13 maggio 1911. 

Il giorno del mio arrivo a Taormina, questo paradiso siciliano, avevo notato la proprietà del barone W. von Gloeden.
I muri dipinti in rosso pompeiano e le colonne mozze che ne ornavano la terrazza mi avevano colpito per la loro originalità e la loro poesia. Dalla porta, quasi completamente aperta, mi appariva un gran giardino selvaggio, profumato di rose e fiorito di biancospini, misterioso e allettante.

Von Gloëden était photographe d'art et mettait une chambre noire à la disposition des amateurs. Ce fut le prétexte que je choisis pour entrer. 

En pénétrant dans la première pièce, toute encombrée de dessins, de photographies et de peintures représentant Taormina, je me rendis immédiatement compte que le maître de céans était un véritable artiste. Sur une table, deux bronzes grecs anciens évoquaient l'époque où Naxos était une colonie prospère. Dans un bassin de cuivre martelé mouraient des roses, d'admirables roses d'un coloris aussi délicat qu'une chair de femme… 

Von Gloeden era fotografo d'arte e metteva a disposizione dei dilettanti una camera oscura. Questo fu il pretesto che scelsi per entrare. 

Penetrando nella prima stanza, tutta ingombra di disegni, di fotografie e di dipinti rappresentanti Taormina, mi resi immediatamente conto del fatto che il proprietario quest'interno era un vero artista. Su un tavolo, due bronzi greci antichi [2] evocavano l'epoca in cui Naxos [3] era una colonia fiorente. In un bacino in rame martellinato morivano alcune rose, ammirabili rose d'un colorito delicato quanto la carne d'una donna... 

Sur le piano, trônaient des portraits de personnages célèbres, zébrés de dédicaces.
    La loro agonia è un'estasi  
    e il loro profumo è un perdono... [4].  
Sul piano troneggiavano alcuni ritratti di personaggi celebri, zebrati di dediche.
Von Gloëden, allemand de Sicile, était un vrai colosse. Mais à sa carrure de géant, s'opposait un visage avenant, éclairé de deux yeux d'aigue-marine. Le gris de la cinquantaine décolorait sa chevelure blonde, partagée sur le côté par une raie impeccable. Sa moustache soyeuse et sa barbe en éventail lui donnaient une allure romantique. On aurait dit un Alfred de Musset vieillissant, d'Outre-Rhin.
Von Gloeden, tedesco di Sicilia, era un vero colosso. Ma alla sua  stazza da gigante si contrapponeva un viso avvenente, illuminato da due occhi d'acquamarina. Il grigio della cinquantina scoloriva la sua chioma bionda, divisa su un lato da una scriminatura impeccabile. I suoi baffi serici e la sua barba a ventaglio gli davano un'aria romantica. Si sarebbe detto un Alfred de Musset d'Oltre-Reno e un po' su con gli anni.
Son regard d'azur, vif, remueur, changeant, intelligent, tantôt pétillant de malice, tantôt voilé de mélancolie, transfigurait son visage ravagé de rides et que la fâcheuse patte d'oie avait déjà marqué de son empreinte.

Ils étaient inquiétants à la longue, ces yeux! Quel mystère cachaient-ils? Quelle était l'histoire de cet Allemand exilé depuis trente ans sur le rocher fleuri de Taormina? ... Détresse morale? Revers de fortune? Ou simplement philosophique sagesse?

Il suo sguardo azzurro, vivo, scrutatore, cangiante, intelligente, ora  frizzante di malizia, ora velato di melancolia, trasfigurava il suo viso devastato di rughe e su cui le incresciose "zampe di gallina" avevano già impresso la loro impronta.

Alla lunga erano inquietanti, quegli occhi! Quale mistero nascondevano? Qual era la storia di questo tedesco esiliato da trent'anni sul roccione fiorito di Taormina? Sconforto morale? Rovesci di fortuna? O semplicemente, filosofica saggezza?

Je complimentai von Gloëden de son artistique installation.

Faites-moi donc l'amitié de venir prendre le café, cet après-midi. Nous aurons tout loisir...
Je vous ferai les honneurs de ma propriété.

La glace était tout à fait rompue.

- Vous êtes Français? continua-t-il. Voilà un album de dessins, autographes, charges ou photographies d'écrivains français qui m'honorèrent de leur visite.

Je feuilletai cet album, richement relié... Max Beulé... Robert d'Humières... Soudain, je sursaute. Je viens de reconnaître deux photographies de Jean Lorrain, et une page couverte de son écriture longue, hésitante, comme enfantine. Je m'attarde à cette page, ému.

Et von Gloëden me dit, non sans une pointe de fierté: - Je fus l'ami de Jean Lorrain.

*****

Feci i complimenti a von Gloeden per la sua artistica sistemazione.

"Mi conceda l'onore di venire a prendere il caffè, questo pomeriggio. Avremo tutto l'agio possibile.
Le farò gli onori di casa".

Il ghiaccio era completamente rotto.

"Lei è francese?", continuò. "Ecco un album di disegni, autografi, incarichi o fotografie di scrittori francesi che mi hanno onorato della loro visita"[5].

Sfogliai quell'album, riccamente rilegato... Max Beulé.[6].... Robert d'Humières.[7]... All'improvviso, trasalisco. Ho appena riconosciuto due fotografie di Jean Lorrain, e una pagina coperta della sua scrittura lunga, esistante, quasi infantile. Mi attardo su questa pagina, commosso.

E von Gloeden mi dice, non senza una punta d'orgoglio: "Sono stato amico di Jean Lorrain".

***

Jean Lorrain par Sem
Jean Lorrain par Sem (Georges Goursat, 1863-1934).
Caricatura di Jean Lorrain.
Jean Lorrain visto da Georges Goursat (1863-1934).
 
Quelques heures plus tard, nous nous acheminions, ma femme et moi, vers la propriété du baron, située à quelques pas de notre hôtel, le vieux Cloître San Domenico. 

Von Gloëden nous attendait sur sa terrasse en respirant une rose. 

Nous fîmes avec lui le tour du propriétaire. Une merveille, ce jardin sicilien, tellement touffu qu'on aurait dit à première vue un jardin à l'abandon. Mais en le parcourant, on se rendait compte que ce chaos fleuri était la suprême expression d'un art antique. Ce jardin était digne d'abriter la rêverie souriante d'Horace. 

A travers guirlandes et bosquets blanchissait l'élancement tronqué des colonnes de la terrasse. Dans le feuillage mièvre de tamaris hauts en branches et dans des lauriers-roses roucoulait le flirt de colombes. Des retombées rouges de géraniums poétisaient d'énormes urnes de forme antique. Dans un coin, des agaves-pieuvres hérissaient leurs verdâtres tentacules. Plus loin, un immense buisson de roses-thé répandait un parfum exaspérant comme une caresse. Dans un massif, d'orgueilleux arums enroulaient leur pistil d'or dans leur cornet lilial. Partout, des fleurs … des fleurs … sur lesquelles un palmier balançait ses palmes et un amandier fleuri laissait tomber ses pétales de neige. 

Devant la maison, dans des cages dorées, des oiseaux des îles faisaient un perpétuel feu d'artifice. 
"J'en ai cent cinquante!", nous dit en passant le baron.

Alcune ore più tardi c'incamminammo, mia moglie ed io, verso la proprietà del barone, situata a pochi passi dal nostro hôtel, il vecchio chiostro di San Domenico.

Von Gloeden ci attendeva sulla sua terrazza annusando una rosa.

Facemmo con lui un giro della proprietà. Una meraviglia, quel giardino siciliano, talmente frondoso che si sarebbe detto a prima vista un giardino abbandonato. Ma percorrendolo, ci si rendeva conto del fatto che questo caos fiorito era la suprema espressione d'un'arte antica. Questo giardino era degno d'ospitare la fantasticheria sorridente d'Orazio.

Attraverso festoni e boschetti biancheggiava lo slancio mozzo delle colonne della terrazza. Tra il fogliame malaticcio delle tamerici dai rami svettanti e tra gli oleandri tubava [sic] il flirt delle colombe. Ricadute rosse di gerani poeticizzavano [sic] enormi urne [8] di foggia antica. In un angolo, alcune agavi-piovra rizzavano i loro tentacoli verdastri. Più in là, un enorme cespuglio di rose color tè spandeva un profumo esasperante quanto una carezza. In una macchia, gigari orgogliosi avvolgevano i loro pistilli d'oro nel loro cartoccio liliale. Ovunque, fiori... fiori... al di sopra dei quali una palma faceva ondeggiare le sue foglie e un mandorlo fiorito lasciava cadere i suoi petali di neve.

Davanti alla casa, in gabbie dorate, alcuni uccelli esotici creavano un incessante fuoco d'artificio. 
"Ne ho centocinquanta!"; ci disse di sfuggita il barone.

Quelques marches, et nous voilà dans une pièce fraîche, où l'ardente lumière n'arrive que tamisée par des stores: le salon de von Gloëden. Les murs et le plafond voûté sont blanchis à la chaux... 
Des divans recouverts de tapis de haute laine s'appuient contre des sparteries siciliennes... Des peintures, des dessins, des photographies d'art, des palmes tressées, de larges feuilles séchées servant d'éventail, des plats en cuivre …
Nous sommes vraiment en Orient.

Alcuni gradini, ed eccoci in una stanza fresca, dove la luce ardente non arriva se non filtrata dalle tapparelle: il salotto di von Gloeden. I muri e il soffitto a volta sono imbiancati a calce...
Divani ricoperti da spessi tappeti di lana s'appoggiano contro mobili in sparto siciliani. Dipinti, disegni, fotografie d'arte, palme intrecciate, ampie foglie essiccate usate come ventagli, piatti di rame…
Siamo davvero in Oriente.

Sur un meuble rustique, des roses soufre achèvent de se faner dans une antique buire ventrue. Au milieu d'un plateau de cuivre posé sur un tabouret turc, marqueté de nacre, une gerbe d'admirables roses blanches triomphe dans un vase de cristal

Su un mobile rustico, alcune rose color zolfo finiscono d'appassire in un antico bricco panciuto. Nel mezzo d'un piatto in rame posato su uno sgabello turco, intarsiato di madreperla, una corona di ammirevoli rose bianche trionfa in un vaso di cristallo.

"Mon salon, voyez-vous", nous explique le baron, d'une voix gutturale dans laquelle passe parfois le zézaiement sicilien, "je l'ai aménagé aussi campagnard que possible. Un salon de ville, à Taormina! C'eût été aussi ridicule, aussi grotesque qu'une paysanne engoncée dans une robe de femme du monde!". 

"Parlez-nous de Jean Lorrain", suppliai-je.

"Il mio salotto, come vedete", ci spiega il barone, con una voce gutturale nella quale traspare ogni tanto la lisca [9] siciliana, "l'ho ammobiliato nel modo più rustico possibile. Un salotto di città, a Taormina!? Sarebbe stato altrettanto ridicolo, altrettanto grottesco d'una contadina impettita nella veste d'una signora mondana!".

"Ci parli di Jean Lorrain", lo supplicai.

Il vint me voir ici deux fois. Seul, d'abord ; ensuite avec sa mère, Mme Duval, une femme admirable, à la majesté de reine mais au cœur de maman. Elle considérait son fils comme un grand enfant terrible. D'ailleurs Lorrain ne fut-il pas toute sa vie «un grand enfant terrible»? 

"Dès sa première visite, il me charma, car il était un charmeur, un causeur merveilleux. En parlant de la Sicile et de Taormina, il avait des emballements juvéniles. Il s'enthousiasmait comme un poète… Je le vois encore, les yeux extasiés, allant et venant dans mon salon, ne pouvant se tenir d'aise. Avec ses doigts bagués qui palpitaient comme des ailes, il semblait vouloir retenir la minute délicieuse qu'il vivait.

"Venne a trovarmi qui due volte. La prima, da solo, poi con sua madre, la signora Duval, una donna ammirevole, che aveva la maestà d'una regina ma il buon cuore d'una mamma. Costei considerava suo figlio un gran bambino terribile. Del resto Lorrain non è forse stato per tutta la sua vita "un gran bambino terribile"?".

"Fin dalla prima visita m'affascinò, dato che era un personaggio capace d'affascinare, un meraviglioso conversatore. Parlando della Sicilia e di Taormina, aveva entusiasmi giovanili. S'entusiasmava come un poeta... Lo vedo ancora, con gli occhi estasiati, andare e venire nel mio salotto, non riuscendo ad accomodarsi. Aveva dita inanellate che palpitavano come ali, sembrava voler trattenere il delizioso istante che stava vivendo"[10].

"Par exemple, il détestait les Anglais".
"Ah! ces Anglais!! soupirait-il, en vrai descendant des Corsaires normands qui guerroyèrent sur mer contre l'Angleterre, pendant des siècles, Ah! ces Anglais, quel cauchemar! Partout où je les rencontre, ils me gâtent mon voyage!".

"Lorrain", continua le baron, "m'avait prié de lui illustrer une longue nouvelle intitulée Nikias. J'avais même pris dans cette intention quelques photographies d'art avec l'aide de modèles choisis parmi de jeunes pâtres du pays, beaux comme des dieux. Hélas ! la mort ne lui permit pas de réaliser son projet.

"Un soir, je l'emmenai dans une petite propriété que je possède, sur le mont Ziretto. J'avais fait signe à des paysans et à des pâtres. Sous un ciel clouté de myriades d'étoiles, à la lueur d'un grand feu de bois, je leur fis danser de vieilles danses siciliennes. Ce soir-là, Lorrain, avec des larmes dans les yeux, m'avoua qu'il avait éprouvé une inoubliable sensation d'art".

Per esempio, detestava gli inglesi".
"Ah! Questi inglesi!, sospirava, da vero discendente dei corsari normanni che guerreggiarono sul mare contro l'Inghilterra, per molti secoli. Ah! questi inglesi, che incubo! Ovunque li incontri, mi rovinano il viaggio!"

"Lorrain", proseguì il barone, "mi aveva pregato di illustrargli un lungo racconto intitolato "Nikias". Avevo anche scattato, a questo scopo, alcune foto d'arte con l'aiuto di modelli scelti fra i giovani pastori del paese, belli come dèi. Ahimè! La morte non gli ha permesso di realizzare il suo progetto.

Una sera, lo portai in una piccola proprietà che possiedo, sul monte Ziretto. Avevo fatto cenno ad alcuni contadini e pastori. Sotto un cielo borchiato di miriadi di stelle, al lume d'un gran fuoco di legna, feci loro ballare alcuni vecchi balli siciliani. Quella sera Lorrain, con le lacrime agli occhi, mi confessò che aveva provato un'indimenticabile sensazione artistica.

Danseurs au Monte Ziretto

Danseurs au Monte Ziretto. Photo de W. von Gloeden, parue dans: Caroline Atwater Mason,The spell of southern shores, The Page Company, Boston 1915.

"Pauvre et cher ami!… Dire que tant de gens le haïssaient ! Si on l'avait mieux connu, on se serait vite aperçu que derrière sa façade hautaine et dédaigneuse, se cachait un cœur d'or, incapable d'une méchanceté".

"A la suite de se dernière visite, il m'adressa, avec d’affectueuses dédicaces, un choix de ses œuvres, que je conserve religieusement. Ce que je garde aussi avec émotion, ce sont ses deux photographies que je pris moi-même dans un coin du jardin, l'une, en lourd manteau de voyage et casquette de velours; l'autre en oriental, petite veste brodée, pantalons bouffants et jambes nues, et coiffé du turban".

Ragazzi che danzano sul Monte Ziretto

Ballerini sul Monte Ziretto. Foto di W. von Gloeden, edita in; Caroline Atwater Mason,The spell of southern shores, The Page Company, Boston 1915.

Povero e caro amico! E dire che in tanti lo odiavano! Se lo si fosse conosciuto meglio, ci si sarebbe rapidamente accorti del fatto che dietro la sua facciata altezzosa e sdegnosa, si nascondeva un cuore d'oro, incapace di malignità.

Dopo la sua ultima visita m'inviò, accompagnandola con dediche affettuose, una scelta delle sue opere, che conservo religiosamente. E conservo con emozione anche le sue due fotografie, che ho scattato io stesso in un angolo del giardino, l'una, in pesante mantello da viaggio e berretto di velluto, l'altra vestito da orientale, con giacchetta ricamata, pantaloni a sbuffo e gambe nude, con un turbante".

"Et voici les vers qu'il écrivit dans mon album:

Ô pâturages bleus, et fables de Sicile!
Récits de vieux pilote, et légendes des îles...
Eglogues des vergers...
Rêves éclos, de Corinthe à Cos, d'Agrigente
A Lesbos, qu'une lune ardente et blême argente!
Amour des dieux bergers!

Roseaux enduits de cire aux doigts légers des pâtres!
Nudité de bouviers, entre les ronds verdâtres
Des cactus apparus!
Noms plus doux que le miel aux lèvres qui les chantent:
Taormina! Catane! et toi Naxos, que hantent
Nicias et Lamachus!

Et la poésie est signée: Jean Lorrain. Taormina, ce 9 février 1898.

Ed ecco i versi che scrisse nel mio album:

O pascoli azzurri, e fiabe di Sicilia!
Racconti d'anziano pilota, e leggende isolane...
Ecloghe dei frutteti...

Sogni sbocciati, da Corinto a Kos, da Agrigento
a Lesbo, che una luna ardente e pallida inargenta!
Amori degli dèi pastori!

Canne rivestite di cera fra le dita leggere dei pastori!
Nudità di bovari, tra le rotondità verdastre
di cactus apparsi!

Nomi più dolci del miele per le labbra che li cantano:
Taormina! Catania! e tu Naxos, che abitano gli spettri
di Nicia e Lamaco!

E la poesia è firmata: Jean Lorrain. Taormina, oggi 9 febbraio 1898.
 

Mais le temps passe; le jardin blêmit de crépuscule; le feu d'artifice des oiseaux des îles s'est éteint. Il faut prendre congé. 

Instinctivement, je reviens vers l'album d'autographes, ouvert à la page de Lorrain et orné de son portrait: visage prématurément fané de sensitif douloureux où, dans ses grands yeux de visionnaire, aux paupières lourdes, luit une flamme étrange.

Ma il tempo passa; il giardino scolorisce di crepuscolo [sic]; il fuoco d'artificio degli uccelli esotici s'è spento. Dobbiamo congedarci.

Istintivamente, torno verso l'album d'autografi, aperto sulla pagine di Lorrain e ornato del suo ritratto: viso prematuramente appassito di sensitivo dolente nel quale, nei grandi occhi di visionario, dalle palpebre appesantite, luce una strana fiamma.

Von Gloëden a surpris mon regard.

"Brave Lorrain! soupira-t-il. Il m'avait fait promettre de le venir voir à Paris, lors d'un de mes prochains voyages en France. Je m'en faisais une joie… Lorsque, en juillet 1906, je débarquai à Marseille, la première photographie que je vis, à la vitrine d'un libraire, fut celle de mon cher écrivain.
"Quel bonheur",  pensai-je. "Pour être aussi populaire, loin de Paris, il faut que Lorrain ait enfin conquis la gloire!".
"Hélas! Jean Lorrain venait de mourir! Ce fut un de mes plus grands chagrins."
Von Gloeden ha notato il mio sguardo.

"Il buon Lorrain!", sospirò. "Mi aveva fatto promettere di andarlo a trovare a Parigi, nel corso di uno dei miei prossimi viaggi in Francia. E già pregustavo la visita... E quando, nel luglio 1906, sbarcai a Marsiglia, la prima fotografia che vidi, nella vetrina d'un libraio, fu quella del mio caro scrittore".
'Che bello', pensai. 'Se è tanto popolare, così lontano da Parigi, vuol dire che Lorrain ha finalmente conquistato la gloria!'.
Ahimé! Jean Lorrain era appena morto! Questo è stato uno dei miei più grandi dispiaceri".
Avec tristesse, nous quittâmes von Gloëden.
Dans le crépuscule, d'une sérénité antique, le jardin endormi n'était qu'un immense brûle-parfums. J'évoquai, malgré moi, en partant, les descriptions magnifiques du Vice Errant...

Lamentables et esseulées, si les âmes des morts peuvent revenir dans les endroits aimés pendant leur vie, le jardin de von Gloëden, sur le rocher fleuri de Taormina, a dû revoir plus d'une fois l'âme inquiète et nostalgique de Jean Lorrain.

Etienne Michel.

Con tristezza, lasciammo von Gloeden.
Nel crepuscolo, d'una serenità antica, il giardino addormentato non era che un immenso bruciaprofumi. Partendo evocai, mio malgrado, le descrizioni magnifiche de Le vice errant.[11]

Pietose e abbandonate, se le anime dei morti potessero tornare nei luoghi amati durante la vita, il giardino di von Gloeden, sul roccione fiorito di Taormina, deve aver visto più di una volta l'anima inquieta e nostalgica di Jean Lorrain.

Etienne Michel.

 
Le jardin de / Il giardino di - Wilhelm von Gloeden.

Il giardino di von Gloeden a Taormina, sul lato parallelo alla strada.

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L'autore ringrazia fin d'ora chi vorrà aiutarlo a trovare immagini e ulteriori dati su persone, luoghi e fatti descritti in questa pagina, e chi gli segnalerà eventuali errori in essa contenuti.

Note 
[1] Il testo da: Etienne Michel, Jean Lorrain en Sicile, ''L'esprit français'', 4e année, tome V, n. 6, 10 juin 1932, pp. 141-146. Non ho trovato notizie biografiche sul suo autore.
La traduzione, inedita, è mia.
Il brano descrive l'incontro fra due intellettuali omosessuali della Belle époque (Jean Lorrain,
1855-1906, è stato uno scrittore e poeta), dettaglio a cui l'autore lancia continue allusioni in codice, senza però mai menzionarlo apertamente.

[2] Si trattava in realtà di riproduzioni moderne della ditta Sommer, acquistate durante il soggiorno napoletano, che appaiono in alcune immagini di Gloeden, come per esempio la n. 2067.

[3] Oggi Giardini-Naxos, all'epoca facente parte del Comune di Taormina, fu la prima colonia greca di Sicilia.

[4] Citazione da: "La mort des lys" di Jean Lorrain.

[5] Almeno uno di questi album dei visitatori s'è salvato, ed oggi è presso la collezione Alinari di Firenze.

[6] A giudicare dal catalogo per autori del sito Gallica.fr, sembrerebbe un giornalista francese della Belle époque, oggi dimenticato. Non sono riuscito a saperne di più.

[7] Letterato francese (1868-1915), amico di Marcel Proust.

[8] Non si trattava di urne bensì di giare, contenitori tradizionali per liquidi e granaglie. Quasi insopportabile qui il tentativo di "fare letteratura" affastellando parole esotiche e rare.

[9] Tendenza a pronunciare come "ts" i suoni "z" ed "s".

[10] Grazie a questo modo sgargiante di vestire Lorrain era considerato (a quanto pare, suo malgrado!) l'"invertito" più visibile della Francia del suo tempo. Si leggano i maligni commenti raccolti qui.
Basti per tutti quello di George Painter:
"Lorrain era un grosso e flaccido invertito del tipo del barone Doasan, suo grande amico. Si drogava, si truccava e si incipriava, e portava un'infinità di anelli gemmati alle dita grasse, bianche, molli, viscide come pesci. Aveva labbra grosse e umide, occhi azzurri come i tratti di matita di cui li circondava, e sopra di essi pendevano inverosimili palpebre da paralitico, "simili a mantici di diligenze" diceva Jules Renard. Lorrain apparteneva a quel pericoloso tipo di invertito che cerca di sviare i sospetti fingendosi virile ed accusando di omosessualità tutti gli altri".
In effetti, per avere alluso malignamente all'omosessualità di Marcel Proust, ne fu sfidato a duello.

[11].Il vizio errante, opera di  Jean Lorrain, edita nel 1900.


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