Da: "L'esprit français", V 1932 [1]
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Jean Lorrain en Sicile.
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Jean Lorrain in Sicilia.
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Taormina (Sicile),
13 mai 1911.
Le jour de mon arrivée
à Taormina, ce paradis sicilien, j'avais remarqué la propriété
du baron von W. Gloëden.
Les murs peints en rouge
pompéien et les colonnes tronquées qui en ornaient la terrasse
m'avaient frappé par leur originalité et leur poésie.
Par la porte, largement ouverte, un grand jardin fou, embaumé de
roses et fleuri d'aubépines, m'apparaissait, mystérieux et
attirant.
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Taormina (Sicilia),
13 maggio 1911.
Il giorno del mio arrivo
a Taormina, questo paradiso siciliano, avevo notato la proprietà
del barone W. von Gloeden.
I muri dipinti in rosso
pompeiano e le colonne mozze che ne ornavano la terrazza mi avevano colpito
per la loro originalità e la loro poesia. Dalla porta, quasi completamente
aperta, mi appariva un gran giardino selvaggio, profumato di rose e fiorito di biancospini, misterioso
e allettante. |
En pénétrant
dans la première pièce, toute encombrée de dessins,
de photographies et de peintures représentant Taormina, je me rendis
immédiatement compte que le maître de céans était
un véritable artiste. Sur une table, deux bronzes grecs anciens
évoquaient l'époque où Naxos était une colonie
prospère. Dans un bassin de cuivre martelé mouraient des
roses, d'admirables roses d'un coloris aussi délicat qu'une chair
de femme… |
Penetrando nella prima stanza,
tutta ingombra di disegni, di fotografie e di dipinti rappresentanti Taormina,
mi resi immediatamente conto del fatto che il proprietario quest'interno
era un vero artista. Su un tavolo, due bronzi greci antichi [2]
evocavano l'epoca in cui Naxos [3]
era una colonia fiorente. In
un bacino in rame martellinato morivano alcune rose, ammirabili rose d'un
colorito delicato quanto la carne d'una donna... |
Sur le piano, trônaient
des portraits de personnages célèbres, zébrés
de dédicaces.
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La loro agonia è
un'estasi
e il loro profumo è
un perdono... [4].
Sul piano troneggiavano alcuni
ritratti di personaggi celebri, zebrati di dediche.
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Von
Gloëden, allemand de Sicile, était un vrai colosse. Mais à
sa carrure de géant, s'opposait un visage avenant, éclairé
de deux yeux d'aigue-marine. Le gris de la cinquantaine décolorait
sa chevelure blonde, partagée sur le côté par une raie
impeccable. Sa moustache soyeuse et sa barbe en éventail lui donnaient
une allure romantique. On aurait dit un Alfred de Musset vieillissant, d'Outre-Rhin. |
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Son regard d'azur, vif,
remueur, changeant, intelligent, tantôt pétillant de malice,
tantôt voilé de mélancolie, transfigurait son visage
ravagé de rides et que la fâcheuse patte d'oie avait déjà
marqué de son empreinte.
Ils étaient inquiétants
à la longue, ces yeux! Quel mystère cachaient-ils? Quelle
était l'histoire de cet Allemand exilé depuis trente ans
sur le rocher fleuri de Taormina? ... Détresse morale? Revers de
fortune? Ou simplement philosophique sagesse?
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Il suo sguardo azzurro, vivo, scrutatore, cangiante, intelligente, ora frizzante di malizia, ora velato
di melancolia, trasfigurava il suo viso devastato di rughe e su cui le
incresciose "zampe di gallina" avevano già impresso la loro impronta.
Alla
lunga erano inquietanti,
quegli occhi! Quale mistero nascondevano? Qual era la storia di questo
tedesco esiliato da trent'anni sul roccione fiorito di Taormina?
Sconforto morale? Rovesci di fortuna? O semplicemente, filosofica
saggezza?
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Je complimentai von Gloëden
de son artistique installation.
Faites-moi donc l'amitié
de venir prendre le café, cet après-midi. Nous aurons tout
loisir...
Je vous ferai les honneurs de ma propriété.
La glace était
tout à fait rompue.
- Vous êtes Français?
continua-t-il. Voilà un album de dessins, autographes, charges ou
photographies d'écrivains français qui m'honorèrent
de leur visite.
Je feuilletai cet album,
richement relié... Max Beulé... Robert d'Humières... Soudain, je sursaute. Je viens de reconnaître
deux photographies de Jean Lorrain, et une page couverte de son écriture
longue, hésitante, comme enfantine. Je m'attarde à cette
page, ému.
Et von Gloëden me
dit, non sans une pointe de fierté: - Je fus l'ami de Jean Lorrain.
*****
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Feci i complimenti a von
Gloeden per la sua artistica sistemazione.
"Mi conceda l'onore di venire
a prendere il caffè, questo pomeriggio. Avremo tutto l'agio possibile.
Le farò gli onori di casa".
Il ghiaccio era completamente
rotto.
"Lei
è francese?",
continuò. "Ecco un album di disegni, autografi, incarichi o fotografie
di scrittori francesi che mi hanno onorato della loro visita"[5].
Sfogliai quell'album, riccamente
rilegato... Max Beulé.[6].... Robert d'Humières.[7]... All'improvviso, trasalisco. Ho appena riconosciuto due fotografie di Jean Lorrain,
e una pagina coperta della sua scrittura lunga, esistante, quasi infantile.
Mi attardo su questa pagina, commosso.
E von Gloeden mi dice, non
senza una punta d'orgoglio: "Sono stato amico di Jean Lorrain".
***
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Jean Lorrain par Sem (Georges Goursat, 1863-1934).
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Jean Lorrain visto da Georges Goursat (1863-1934).
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Quelques
heures plus tard, nous nous acheminions, ma femme et moi, vers la propriété
du baron, située à quelques pas de notre hôtel, le
vieux Cloître San Domenico.
Von Gloëden nous
attendait sur sa terrasse en respirant une rose.
Nous fîmes avec
lui le tour du propriétaire. Une merveille, ce jardin sicilien,
tellement touffu qu'on aurait dit à première vue un jardin
à l'abandon. Mais en le parcourant, on se rendait compte que ce
chaos fleuri était la suprême expression d'un art antique.
Ce jardin était digne d'abriter la rêverie souriante d'Horace.
A travers guirlandes et
bosquets blanchissait l'élancement tronqué des colonnes de
la terrasse. Dans le feuillage mièvre
de tamaris hauts en branches et dans des lauriers-roses roucoulait le flirt
de colombes. Des retombées rouges de géraniums poétisaient
d'énormes urnes de forme antique. Dans un coin, des agaves-pieuvres
hérissaient leurs verdâtres tentacules. Plus loin, un immense
buisson de roses-thé répandait un parfum exaspérant
comme une caresse. Dans un massif, d'orgueilleux arums enroulaient leur
pistil d'or dans leur cornet lilial. Partout, des fleurs … des fleurs …
sur lesquelles un palmier balançait ses palmes et un amandier fleuri
laissait tomber ses pétales de neige.
Devant la maison, dans
des cages dorées, des oiseaux des îles faisaient un perpétuel
feu d'artifice.
"J'en ai cent cinquante!",
nous dit en passant le baron.
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Alcune
ore più tardi c'incamminammo, mia moglie ed io, verso la proprietà
del barone, situata a pochi passi dal nostro hôtel, il vecchio chiostro di San Domenico.
Von Gloeden ci attendeva
sulla sua terrazza annusando una rosa.
Facemmo con lui un giro della
proprietà. Una meraviglia, quel giardino siciliano, talmente frondoso
che si sarebbe detto a prima vista un giardino abbandonato. Ma percorrendolo,
ci si rendeva conto del fatto che questo caos fiorito era la suprema espressione
d'un'arte antica. Questo giardino era degno d'ospitare la fantasticheria sorridente d'Orazio.
Attraverso festoni e
boschetti biancheggiava lo slancio mozzo delle colonne della terrazza.
Tra il fogliame malaticcio delle tamerici dai rami svettanti e tra gli oleandri tubava [sic] il flirt delle colombe. Ricadute rosse di gerani poeticizzavano [sic] enormi urne [8] di
foggia antica. In un angolo, alcune agavi-piovra rizzavano i loro
tentacoli verdastri. Più in là, un enorme cespuglio di rose color tè
spandeva un profumo esasperante quanto una carezza. In una macchia, gigari orgogliosi avvolgevano i loro pistilli d'oro nel loro cartoccio liliale. Ovunque,
fiori... fiori... al di sopra dei quali una palma faceva ondeggiare le sue foglie e un mandorlo fiorito lasciava
cadere i suoi petali di neve.
Davanti alla casa, in gabbie
dorate, alcuni uccelli esotici creavano un incessante fuoco d'artificio.
"Ne ho centocinquanta!";
ci disse di sfuggita il barone.
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Quelques marches, et nous
voilà dans une pièce fraîche, où l'ardente lumière
n'arrive que tamisée par des stores: le salon de von Gloëden.
Les murs et le plafond voûté sont blanchis à la chaux...
Des divans recouverts
de tapis de haute laine s'appuient contre des sparteries siciliennes...
Des peintures, des dessins, des photographies d'art, des palmes tressées,
de larges feuilles séchées servant d'éventail, des
plats en cuivre …
Nous sommes vraiment en
Orient.
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Sur un meuble rustique,
des roses soufre achèvent de se faner dans une antique buire ventrue.
Au milieu d'un plateau de cuivre posé sur un tabouret turc, marqueté
de nacre, une gerbe d'admirables roses blanches triomphe dans un vase de
cristal
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Su
un mobile rustico, alcune rose color zolfo
finiscono d'appassire in un antico bricco
panciuto. Nel mezzo d'un piatto in rame posato su uno sgabello
turco, intarsiato di madreperla, una corona di ammirevoli rose bianche trionfa in un vaso di cristallo.
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"Mon
salon, voyez-vous", nous explique le baron, d'une voix gutturale dans laquelle
passe parfois le zézaiement sicilien, "je l'ai aménagé
aussi campagnard que possible. Un salon de ville, à Taormina! C'eût
été aussi ridicule, aussi grotesque qu'une paysanne engoncée
dans une robe de femme du monde!".
"Parlez-nous de Jean Lorrain",
suppliai-je.
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"Il
mio salotto, come vedete", ci spiega il barone, con una voce gutturale
nella quale traspare ogni tanto la lisca [9]
siciliana, "l'ho ammobiliato nel modo più rustico possibile.
Un salotto di città, a Taormina!? Sarebbe stato altrettanto ridicolo,
altrettanto grottesco d'una contadina impettita nella veste d'una signora mondana!".
"Ci
parli di Jean Lorrain", lo supplicai.
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Il vint me voir ici deux
fois. Seul, d'abord ; ensuite avec sa mère, Mme Duval, une femme
admirable, à la majesté de reine mais au cœur de maman. Elle
considérait son fils comme un grand enfant terrible. D'ailleurs
Lorrain ne fut-il pas toute sa vie «un grand enfant terrible»?
"Dès sa première
visite, il me charma, car il était un charmeur, un causeur merveilleux.
En parlant de la Sicile et de Taormina, il avait des emballements juvéniles.
Il s'enthousiasmait comme un poète… Je le vois encore, les yeux
extasiés, allant et venant dans mon salon, ne pouvant se tenir d'aise.
Avec ses doigts bagués qui palpitaient comme des ailes, il semblait
vouloir retenir la minute délicieuse qu'il vivait.
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"Venne
a trovarmi qui due volte. La prima, da solo, poi con sua madre, la signora
Duval, una donna ammirevole, che aveva la maestà d'una regina ma
il buon cuore d'una mamma. Costei considerava suo figlio un gran bambino
terribile. Del resto Lorrain non è forse stato per tutta la sua
vita "un gran bambino terribile"?".
"Fin
dalla prima visita m'affascinò, dato che era un personaggio capace
d'affascinare, un meraviglioso conversatore.
Parlando della Sicilia e di Taormina, aveva entusiasmi
giovanili. S'entusiasmava come un poeta... Lo
vedo ancora, con gli occhi estasiati, andare e venire nel mio salotto,
non riuscendo ad accomodarsi. Aveva dita inanellate che palpitavano come
ali, sembrava voler trattenere il delizioso istante che stava vivendo"[10].
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"Par exemple, il détestait
les Anglais".
"Ah! ces Anglais!! soupirait-il,
en vrai descendant des Corsaires normands qui guerroyèrent sur mer
contre l'Angleterre, pendant des siècles, Ah! ces Anglais, quel
cauchemar! Partout où je les rencontre, ils me gâtent mon
voyage!".
"Lorrain", continua le
baron, "m'avait prié de lui illustrer une longue nouvelle intitulée
Nikias. J'avais même pris dans cette intention quelques photographies
d'art avec l'aide de modèles choisis parmi de jeunes pâtres
du pays, beaux comme des dieux. Hélas ! la mort ne lui permit pas
de réaliser son projet.
"Un soir, je l'emmenai
dans une petite propriété que je possède, sur le mont
Ziretto. J'avais fait signe à des paysans et à des pâtres.
Sous un ciel clouté de myriades d'étoiles, à la lueur
d'un grand feu de bois, je leur fis danser de vieilles danses siciliennes.
Ce soir-là, Lorrain, avec des larmes dans les yeux, m'avoua qu'il
avait éprouvé une inoubliable sensation d'art". |
Per esempio, detestava
gli inglesi".
"Ah! Questi inglesi!, sospirava,
da vero discendente dei corsari normanni che guerreggiarono sul mare contro
l'Inghilterra, per molti secoli. Ah! questi inglesi, che incubo! Ovunque
li incontri, mi rovinano il viaggio!"
"Lorrain", proseguì
il barone, "mi aveva pregato di illustrargli un lungo racconto intitolato
"Nikias". Avevo anche scattato, a questo scopo, alcune foto d'arte con
l'aiuto di modelli scelti fra i giovani pastori del paese, belli come dèi.
Ahimè! La morte non gli ha permesso di realizzare il suo progetto.
Una sera, lo portai in una
piccola proprietà che possiedo, sul monte Ziretto. Avevo fatto cenno
ad alcuni contadini e pastori. Sotto un cielo borchiato
di miriadi di stelle, al lume d'un gran fuoco di legna, feci loro ballare
alcuni vecchi balli siciliani. Quella sera Lorrain, con le lacrime agli
occhi, mi confessò che aveva provato un'indimenticabile sensazione
artistica. |
"Pauvre et cher ami!…
Dire que tant de gens le haïssaient ! Si on l'avait mieux connu, on
se serait vite aperçu que derrière sa façade hautaine
et dédaigneuse, se cachait un cœur d'or, incapable d'une méchanceté".
"A la suite de se dernière
visite, il m'adressa, avec d’affectueuses dédicaces, un choix de
ses œuvres, que je conserve religieusement. Ce que je garde aussi avec
émotion, ce sont ses deux photographies que je pris moi-même
dans un coin du jardin, l'une, en lourd manteau de voyage et casquette
de velours; l'autre en oriental, petite veste brodée, pantalons
bouffants et jambes nues, et coiffé du turban".
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Povero e caro amico! E dire
che in tanti lo odiavano! Se lo si fosse conosciuto meglio, ci si sarebbe
rapidamente accorti del fatto che dietro la sua facciata altezzosa e sdegnosa,
si nascondeva un cuore d'oro, incapace di malignità.
Dopo la sua ultima visita
m'inviò, accompagnandola con dediche affettuose, una scelta delle
sue opere, che conservo religiosamente. E conservo con emozione anche le
sue due fotografie, che ho scattato io stesso in un angolo del giardino,
l'una, in pesante mantello da viaggio e berretto
di velluto, l'altra vestito da orientale, con giacchetta ricamata, pantaloni a sbuffo e gambe nude, con un turbante".
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"Et voici les vers qu'il
écrivit dans mon album:
Ô pâturages
bleus, et fables de Sicile! Récits de vieux
pilote, et légendes des îles... Eglogues des vergers... Rêves éclos,
de Corinthe à Cos, d'Agrigente A Lesbos, qu'une lune
ardente et blême argente! Amour des dieux bergers!
Roseaux enduits de cire
aux doigts légers des pâtres!
Nudité de bouviers,
entre les ronds verdâtres
Des cactus apparus!
Noms plus doux que le
miel aux lèvres qui les chantent:
Taormina! Catane! et
toi Naxos, que hantent
Nicias et Lamachus!
Et la poésie est
signée: Jean Lorrain. Taormina, ce 9 février 1898. |
Ed ecco i versi che scrisse
nel mio album:
O pascoli azzurri, e fiabe di Sicilia!
Racconti d'anziano pilota, e leggende isolane...
Ecloghe dei frutteti...
Sogni sbocciati, da Corinto a Kos, da Agrigento
a Lesbo, che una luna ardente e pallida inargenta!
Amori
degli dèi pastori!
Canne rivestite di cera fra le dita leggere dei pastori!
Nudità di bovari, tra le rotondità verdastre
di cactus apparsi!
Nomi
più dolci del miele per le labbra che li cantano:
Taormina!
Catania! e tu Naxos, che abitano gli spettri
di Nicia e Lamaco!
E la poesia è firmata:
Jean Lorrain. Taormina, oggi 9 febbraio 1898.
|
Mais le temps passe;
le jardin blêmit de crépuscule; le feu d'artifice des oiseaux
des îles s'est éteint. Il faut prendre congé.
Instinctivement, je reviens
vers l'album d'autographes, ouvert à la page de Lorrain et orné
de son portrait: visage prématurément fané de sensitif
douloureux où, dans ses grands yeux de visionnaire, aux paupières
lourdes, luit une flamme étrange. |
Ma il tempo passa; il giardino scolorisce di crepuscolo [sic]; il
fuoco d'artificio degli uccelli esotici s'è spento. Dobbiamo congedarci.
Istintivamente, torno verso
l'album d'autografi, aperto sulla pagine di Lorrain e ornato del suo ritratto:
viso prematuramente appassito di sensitivo dolente nel quale, nei grandi occhi di visionario, dalle palpebre appesantite, luce una strana fiamma. |
Von Gloëden a surpris
mon regard.
"Brave Lorrain! soupira-t-il.
Il m'avait fait promettre de le venir voir à Paris, lors d'un de
mes prochains voyages en France. Je m'en faisais une joie… Lorsque, en
juillet 1906, je débarquai à Marseille, la première
photographie que je vis, à la vitrine d'un libraire, fut celle de
mon cher écrivain. "Quel bonheur",
pensai-je. "Pour être aussi populaire, loin de Paris, il faut que
Lorrain ait enfin conquis la gloire!". "Hélas! Jean Lorrain
venait de mourir! Ce fut un de mes plus grands chagrins." |
Von
Gloeden ha notato il mio sguardo.
"Il
buon Lorrain!", sospirò. "Mi aveva fatto promettere di andarlo a
trovare a Parigi, nel corso di uno dei miei prossimi viaggi in Francia.
E già pregustavo la visita... E quando, nel luglio 1906, sbarcai
a Marsiglia, la prima fotografia che vidi, nella vetrina d'un libraio,
fu quella del mio caro scrittore". 'Che
bello', pensai. 'Se è tanto popolare, così lontano da Parigi,
vuol dire che Lorrain ha finalmente conquistato la gloria!'. Ahimé!
Jean Lorrain era appena morto! Questo è stato uno dei miei più
grandi dispiaceri". |
Avec tristesse, nous
quittâmes von Gloëden. Dans le crépuscule,
d'une sérénité antique, le jardin endormi n'était
qu'un immense brûle-parfums. J'évoquai, malgré moi,
en partant, les descriptions magnifiques du Vice Errant...
Lamentables et esseulées,
si les âmes des morts peuvent revenir dans les endroits aimés
pendant leur vie, le jardin de von Gloëden, sur le rocher fleuri de
Taormina, a dû revoir plus d'une fois l'âme inquiète
et nostalgique de Jean Lorrain.
Etienne Michel. |
Con tristezza, lasciammo
von Gloeden. Nel crepuscolo, d'una serenità
antica, il giardino addormentato non era che un immenso bruciaprofumi.
Partendo evocai, mio malgrado, le descrizioni magnifiche de Le
vice errant.[11].
Pietose
e abbandonate, se le anime dei morti potessero tornare nei luoghi amati
durante la vita, il giardino di von Gloeden, sul roccione fiorito di
Taormina,
deve aver visto più di una volta l'anima inquieta e nostalgica di
Jean Lorrain.
Etienne
Michel. |
Il giardino di von Gloeden a Taormina, sul lato parallelo alla strada.
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L'autore ringrazia fin d'ora
chi vorrà aiutarlo a trovare immagini e ulteriori dati su persone,
luoghi e fatti descritti in questa pagina, e chi gli segnalerà
eventuali errori in essa contenuti. |
Note
[1]
Il testo da: Etienne Michel, Jean Lorrain en Sicile, ''L'esprit
français'', 4e année, tome V, n. 6, 10 juin 1932, pp. 141-146. Non ho
trovato notizie biografiche sul suo autore.
La traduzione, inedita,
è mia.
Il brano descrive l'incontro fra due intellettuali omosessuali della Belle époque (Jean Lorrain, 1855-1906, è stato uno scrittore e poeta), dettaglio a cui l'autore lancia continue allusioni in codice, senza però mai menzionarlo apertamente.
[2]
Si trattava
in realtà di riproduzioni moderne della ditta Sommer, acquistate durante il soggiorno napoletano, che appaiono
in alcune immagini di Gloeden, come per esempio la n. 2067.
[3]
Oggi Giardini-Naxos, all'epoca facente parte del Comune di Taormina, fu la prima
colonia greca di Sicilia.
[4]
Citazione
da: "La mort
des lys" di Jean Lorrain.
[5] Almeno uno di questi album dei visitatori s'è salvato, ed oggi è presso la collezione Alinari di Firenze.
[6] A giudicare dal catalogo per autori del sito Gallica.fr, sembrerebbe un giornalista francese della Belle époque, oggi dimenticato. Non sono riuscito a saperne di più.
[7] Letterato francese (1868-1915), amico di Marcel Proust.
[8] Non si trattava di urne bensì di giare, contenitori tradizionali
per liquidi e granaglie. Quasi insopportabile qui il tentativo di "fare
letteratura" affastellando parole esotiche e rare.
[9] Tendenza a pronunciare come "ts" i suoni "z" ed "s".
[10] Grazie a questo modo sgargiante di vestire Lorrain
era considerato (a quanto pare, suo malgrado!) l'"invertito" più
visibile della Francia del suo tempo. Si leggano i maligni commenti raccolti qui.
Basti per tutti quello di George Painter: "Lorrain era un grosso e flaccido invertito del tipo del barone Doasan,
suo grande amico. Si drogava, si truccava e si incipriava, e portava
un'infinità di anelli gemmati alle dita grasse, bianche, molli, viscide
come pesci. Aveva labbra grosse e umide, occhi azzurri come i tratti di
matita di cui li circondava, e sopra di essi pendevano inverosimili
palpebre da paralitico, "simili a mantici di diligenze" diceva Jules
Renard. Lorrain apparteneva a quel pericoloso tipo di invertito che
cerca di sviare i sospetti fingendosi virile ed accusando di
omosessualità tutti gli altri".
In effetti, per avere alluso malignamente all'omosessualità di Marcel Proust, ne fu sfidato a duello.
[11].Il vizio errante, opera di Jean
Lorrain, edita nel 1900. |